Le Neurofeedback,
ou comment contrôler son cerveau pour traiter des maladies
Serait-il possible, en modifiant son activité cérébrale, de traiter des troubles neurologiques ou psychologiques (hyperactivité, épilepsie…) ? C’est ce que propose le neurofeedback, une technique appelée à se développer tant ses résultats sont prometteurs.
Le concept du neurofeedback est né dans les années 40, après que des chercheurs ont découvert, grâce aux enregistrements réalisés par électroencéphalographie (EEG), qu’il était possible de modifier son activité cérébrale. Beaucoup d’études ont depuis été publiées, principalement aux États-Unis et en Allemagne, pour évaluer cette technique dans des situations concrètes.
Trouver les bonnes fréquences électriques émises par le cerveau
Pour comprendre comment fonctionne le neurofeedback, il faut d’abord savoir que le cerveau émet des signaux électriques qui, selon leur fréquence, peuvent caractériser certains de nos états mentaux. Lorsque, par exemple, nous sommes dans un état calme et détendu, c’est la fréquence dans la bande alpha qui domine ; mais en état de vigilance et de concentration, c’est plutôt la fréquence dans la bande bêta.
Le principe du neurofeedback est d’apprendre, grâce à des exercices visuels ou auditifs, à “brider” certains de ces signaux et à en stimuler d’autres, selon l’effet thérapeutique recherché.
« S’il s’agit d’un trouble du déficit de l’attention ou de l’épilepsie, l’objectif est d’augmenter l’activité cérébrale dans la bande fréquentielle bêta pour accroître la vigilance, dit le Dr Jean-Arthur Micoulaud-Franchi, créateur de l’électroencéphalographie (EEG et du Biofeedback. À l’inverse, dans certains troubles du sommeil ou pour contrôler le stress, c’est la bande fréquentielle alpha qu’il faut amplifier. »
L’intérêt de cette technique est qu’elle repose sur le principe du renforcement positif : « Comme le patient doit chercher ses propres stratégies mentales pour atteindre l’objectif et qu’il “visualise” leur efficacité en temps réel, il réalise qu’il est capable de modifier son activité cérébrale et, ainsi, d’améliorer lui-même sa santé et son bien-être. »
Le déroulement d’une séance de neurofeedback
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- Des électrodes, placées sur le cuir chevelu, enregistrent les signaux électriques émis par le cerveau, qui reflètent certains états mentaux dans lequel on peut se trouver.
- Ces signaux sont numérisés par un appareil relié soit à un écran d’ordinateur si le programme d’entraînement utilise l’image (par le biais de jeux vidéo le plus souvent), soit à un casque audio s’il s’appuie sur le son (de la musique généralement), soit aux deux.
- Par un travail mental ou cognitif, le patient doit réussir, en augmentant l’intensité de certains signaux et en en “bridant” d’autres, à faire évoluer en temps réel l’image sur l’écran (par exemple déplacer une montgolfière, assembler les pièces d’un puzzle, accélérer une voiture…) ou le son dans les écouteurs (par exemple faire baisser les aigus ou augmenter les graves d’un opéra).
- Par essais et erreurs successives, aidé et guidé par un thérapeute formé à ces techniques, le cerveau va finir par trouver les meilleures stratégies mentales lui permettant d’atteindre l’objectif fixé.
Le neurofeedback efficace sur l’hyperactivité et l’épilepsie
De nombreuses études ont validé l’efficacité du neurofeedback comme thérapeutique complémentaire dans le trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité (TDHA), au point qu’il a été recommandé par l’Académie américaine de pédiatrie : « Il améliore nettement l’inattention et l’impulsivité, et, dans une moindre mesure, l’agitation », rapporte le Dr Micoulaud-Franchi.
Il donne aussi de bons résultats sur les épilepsies résistantes aux médicaments : « Des études ont montré que cette technique diminuait la fréquence des crises chez deux tiers des patients. »
Le neurofeedback, une piste pour l’insomnie, l’autisme, la dépression…
- Plus modestes sont les résultats sur l’insomnie : « Mais si on réussit à établir des “profils” d’insomniaques et, pour chacun, savoir quels signaux doivent être renforcés, on pourra affiner la technique et, de là, obtenir peut-être de meilleurs résultats », dit le Dr Olivier Pallanca,psychiatre, spécialiste des pathologies du sommeil et des troubles attentionnels à la Pitié-Salpétrière, à Paris.
- L’autisme fait aussi l’objet de recherches : « Elles partent du postulat qu’en améliorant l’attention des patients, on pourrait alors améliorer la communication et les interactions sociales. Mais cela reste à démontrer. »
- D’autres études arrivent à des conclusions prometteuses, qui demandent à être confirmées. Ainsi, en Espagne, une étude préliminaire a montré que la technique avait une action favorable sur certaines fonctions – mémoire de travail, attention, planification, organisation… – chez des personnes atteintes de troubles dépressifs majeurs.
- En Allemagne, des chercheurs ont noté que le neurofeedback, en augmentant la fréquence séquentielle alpha, était associé à un état de calme, chez des sujets souffrant de stress post-traumatique.
Les applications du neurofeedback encore marginales en France
Contrairement à des pays comme les États-Unis, l’Allemagne ou encore les Pays-Bas où de nombreuses consultations sont déjà ouvertes, la technique n’est encore que timidement proposée en France, notamment dans deux centres hospitaliers universitaires (Pitié-Salpétrière, à Paris, et Sainte-Marguerite, à Marseille) et quelques cabinets de psychologues et psychiatres, rares et difficiles à trouver.
À ne pas confondre toutefois avec les “thérapeutes”, beaucoup plus nombreux, qui utilisent NeurOptimal, une méthode qui se réclame du neurofeedback dynamique mais qui ne répond pas à ses principes : des enregistrements par EEG et un sujet actif, qui fournit un effort mental. Or, cette méthode est présentée comme pouvant soigner de nombreuses pathologies bien souvent sans preuve scientifique à l’appui.
Enfin, une start-up française, myBrain, a mis au point Melomind – longtemps proposé seulement aux entreprises, il est désormais disponible pour les particuliers aux prix de 449 euros –, un casque connecté à un smartphone, qui permet de contrôler son activité cérébrale et de réguler son stress en écoutant de la musique à basses fréquences. Au fur et à mesure que le cerveau se détend, le volume sonore diminue. Cette séance de relaxation dure 15 minutes.